Le film documentaire a pour but de produire la représentation d'une réalité, sans intervenir sur son déroulement. Il s'oppose donc à la fiction qui, pour produire un effet de réel s'appuie, entre autres choses, sur une histoire (scénario) et une mise en scène. Un documentaire est donc une incursion dans le quotidien d'un individu ou d'une société. Les convictions qui la porte sont souvent belles, et la démarche entreprise utile.
Une telle définition n'est toutefois pas stricte car un documentaire peut recouper certaines caractéristiques de la fiction, notamment via la reconstitution ou à travers la réflexion en amont sur le sujet, qui peut donner lieu à un scénario plus ou moins élaboré. De même, le tournage d'un documentaire influe sur la réalité qu'il filme et la guide parfois, rendant donc illusoire la distance théorique entre la réalité filmé et le documentariste.
Les premiers films au cinéma étaient dominés par les «actualités»: c'était de courts documentaires, des moments de la vie courante capturés sur film, comme un train entrant en gare. Les contraintes techniques faisaient que chaque film ne dépassait pas la minute. Très peu d'histoires étaient encore racontées à cette époque par le biais du nouveau media, principalement à cause des limitations techniques. La tradition de l'actualité est une tradition importante pour le documentaire; ces histoires étaient parfois des mises en scène d'événements ayant eu lieu réellement (comme par exemple pour les scènes de bataille, où le cameraman arrivait après les combats).
La limite entre objectivité et point de vue du cinéaste est particulièrement ténue: un documentaire répond toujours à une démarche de son auteur, et propose donc une vision particulière. Cette vision résulte principalement de choix, au niveau du sujet traité, des moyens, et du montage. Un documentaire est donc une véritable œuvre de création, qui ne saurait prétendre à l'objectivité, contrairement à ce dont il se voit souvent implicitement investi.
Dans l'histoire du cinéma, le documentaire a souvent servi une cause ou une propagande. Les films de propagande de Sergeï Eisenstein ou de Leni Riefenstahl montrent l'ampleur et l'impact que le genre peut prendre. Le gouvernement britannique a préparé le public à la guerre avec Le lion a des ailes (39: de Adrian Brunel, Alexander Korda, Brian Desmond Hurst & Michael Powell). Cette démarche militante peut cependant amener le documentariste à influer sur ce qu'il veut filmer, adoptant ainsi une attitude de metteur en scène au sens le plus traditionnel du terme.
Après avoir connu des années de désaffection après-guerre, à part Le monde du silence de Jacques-Yves Cousteau, le documentaire connaît un regain de reconnaissance en France depuis la fin des années 90, allant jusqu'à des succès populaires exceptionnels. Être et avoir (02: Nicolas Philibert) est un film apaisant, qui embrasse à la fois le monde entier et le cycle du temps: le monde qui attend les petits apprentis d'une école communale, et le temps qui les façonne pour d'autres aventures.
Le genre animalier s'est renouvelé sous l'impulsion de Jacques Perrin (01: Le peuple migrateur), qui s'est illustré au niveau international en 2004 avec le film La marche de l'empereur, dans lequel les manchots sont assimilés à de véritables personnages.
Aux Etats Unis, les documentaires sont quelquefois musicaux : Led Zeppelin : The song remains the same (76: Peter Clifton & Joe Massot) offre des séquences d'imaginarium psychédéliques sortis de l'esprit des 4 musiciens. In bed with Madonna (91: Alek Keshishian), plongée très intime dans l'univers de la chanteuse, est un incontournable documentaire pour ses fans. Avec Michael Jackson's This Is It (09: Kenny Ortega), uniquement composé d'images de répétitions, l'artiste offre une prestation posthume incroyable.
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Au début du XXIe siècle, aux États-Unis, Michael Moore connaît un succès commercial, avec son film Bowling for Columbine (02) ou Fahrenheit 9/11 (03), oeuvres salvatrices, parfois démagogiques, destinées surtout à réveiller les consciences du public américain. Food, Inc. (08: Robert Kenner) est à ce titre un documentaire d'utilité publique. La photographie époustouflante et le récit extrêmement bien documenté de Home (07: Yann Arthus-Bertrand) en font un outil pédagogique d'une portée universelle. De témoignages sidérants en expériences domestique explosives, GasLand (10 : Josh Fox) montre comment les pratiques modernes de forage minent la vie quotidienne des Américains.
Voyage dans l’esprit du soldat, Armadillo (10: Janus Metz) a pour thème l’histoire mythique de l’homme en guerre. Dans Nostalgie de la lumière (10: Patricio Guzmán) on est fasciné par ce qui se joue dans le désert d'Atacama, lieu vide et pourtant chargé d'histoire.
Sur un concept original, et avec beaucoup d'humour, Where in the World is Osama Bin Laden ? (07: Morgan Spurlock) permet de découvrir des populations en souffrance mais profondément humaines. Sur le chemin de l'école (12: Pascal Plisson) est un bel hommage à l'éducation, où l'on y voit des mômes magnifiques.
Certaines scènes, non filmées lors des faits, sont parfois reconstituées avec les protagonistes ou avec des acteurs La mort suspendue (03: Kevin Macdonald) . Ces scènes sont dites d'illustrations, et peuvent se faire accompagner de cartes, de plan, de voix off. Lorsque le document rassemble tellement de telles scènes qu'il ressemble à un film, on parle de docu-fiction, tellement le risque de non ressemblance est grand. Certifié 100% faux documentaire, I'm still here (10: Casey Affleck) est un document sur les revers dévorants de la célébrité. |
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