Le film d'espionnage est un substitut du film policier. Mais dans ce cas, ce n'est pas un détective qui est chargé de résoudre l'enquête, mais un espion à la solde d'une puissance étrangère. L'intrigue elle-même est souvent traitée comme un film policier [Griffes jaunes (42: John Huston), Target (82: Arthur Penn)]. On y retrouve des thèmes récurents : le mensonge, la manipulation, le jeu des apparences.
| De nombreux cinéastes ont signés des films d'espionnage, comme Alfred Hitchcock [L'homme qui en savait trop (56)], John Huston [La lettre du Kremlin (69)], ou Terence Young [Triple cross (66)].
L'Histoire regorge d'affaires d'espionnage, et le cinéma a su puiser dans cet arsenal de faits réels [L'affaire Cicéron (51: Joseph L. Mankiewicz)] ou d'espions réels [Mata Hari, agent H21 (64: Jean Louis Richard)]. Même avec une intrigue fictive, beaucoup de films exploitent les réseaux d'espionnage existant vraiment, comme le KGB [Le rideau déchiré (66: Alfred Hitchcock)], la CIA [Les trois jours du condor (75: Sydney Pollack)], l'IRA [Black sunday (77: John Frankenheime)], en profitant souvent au passage pour égratigner les pouvoirs politiques [Le professionnel (81: Georges Lautner) ou Le jeu du faucon (84 :John Schlesinger)] |
L'action elle-même se situe souvent en temps de guerre, les espions nazis ayant souvent inspirés les réalisateurs [Cinquième colonne (42: Alfred Hitchcock)]. Certains films d'espionnage sont même quelquefois presque des films de guerre [Du sang dans la neige (43: Raoul Walsh)]. Tous ces films tournés à cette époque ont d'ailleurs un petit parfum de propagande patriotique.
Le genre peut être souvent aussi confondu avec le film d'aventures, à cause des images, de l'action, des paysages [Destination: Zebra, station polaire (68: John Sturges)]. Cependant, la série britannique des James Bond, immortalisée par Sean Connery [Bons baisers de Russie (64: Terence Young)], Roger Moore [L'homme aupistolet d'or (74: Guy Hamilton)], Timothy Dalton [Tuer n'est pas jouer (86: John Glen)], Pierce Brosnan [Goldeneye (96: Martin Campbell)], et plus récemment Daniel Craig [Casino royale (06:Martin Campbell)], ainsi que les séries françaises, plus modeste, d'OSS 117 [Banco à Bangkok pour OSS 117 (64: André Hunebelle)], du tigre [Le tigre aimela chair fraîche (64: Claude Chabrol)] et du monocle [Le monocle rit jaune (64: Georges Lautner)] demeurent bel et bien des films d'espionnage. Plus récemment, le personnage du romancier Tom Clancy, Jack Ryan, a été plusieurs fois adapté au cinéma [Jeux de guerre (92: Phillip Noyce)]. Le traitement est quelque peu caricatural, mais le sujet est prétexte à une action pure et à un suspense qui nous tient constamment en haleine. |
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| Le ton employé peut être
dramatique s'il décrit une tragédie de l'Histoire [Le dossier Odessa (74: Ronald Neame)], mais il est aussi souvent comique [Charade (63: Stanley Donen)], le but du film d'espionnage étant dans ce cas de divertir.
Le film d'espionnage, conçu comme un film policier, est donc un amalgame de films de guerre, de politique, d'aventures, voire de comédies. Les films de ces dernières années semblent confirmer cette tendance [Spy game, jeu d'espion (01: Tony Scott) ou La recrue (03: Roger Donaldson)], laissant une belle part au thriller politique [Mensonges d'état (08: Ridley Scott)].
Max la menace (08 : Peter Segal) est une parodie d'espionnage, efficace et spectaculaire, et Skyfall (12 : Sam Mendes) un concentré de 50 ans de James Bond, subtil mélange d'action, de spectacle et d'humour. L'action en flux continu de Jason Bourne : l'héritage (12: Tony Gilroy) garantit un spectacle efficace.
La taupe (11: Tomas Alfredson) est une adaptation du roman de John Le Carré qui renoue avec la tradition des grandes fictions paranoïaques des années 70. |
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