Le suspense est très souvent le moyen pour le cinéaste de retenir toute l'attention du spectateur,
de l'angoisser jusqu'à la dernière image [Seule dans la nuit (67
:Terence Young), Piège de cristal (88: John McTiernam)]. De nombreuses références sont alors faîtes à Alfred Hitchcock, reconnu comme étant le maître du suspense [La mort aux trousses (59)].
Appelé thriller à partir des années 80, le genre a pris une place importante (et qui rapporte beaucoup!) dans la production cinématographique. Le thriller joue sur le temps et la peur [Frantic (87: Roman Polanski)]. Ici, il n'y a pas ou presque pas de policier, les personnages évoluant dans un quotidien plus ordinaire, mais se retrouvant soudain confrontés à eux mêmes ou à leur passé [Les nuits avec mon ennemi (90: Joseph Ruben), Mort un dimanche de pluie (86:Joël Santoni)]. |   |
 | Le cinéma
français produit dans ces années quelques succès dans le genre [Diva (81: Jean Jacques Beneix), Mortelle randonnée (82: Claude Miller)]. Henri Verneuil réalise un film politico-policier avec Mille milliards de dollars (82), et Luc Besson met en scène le fameux Nikita (89). Avec sa maîtrise des images et une esthétique qui lui est particulière, il a fait de ce film violent, étrange et spectaculaire, l'un des films cultes de
la fin des années 80. |
  
 | Inspirés d'Hitchcock, les
spécialistes du thriller à partir des années 80 sont Brian de Palma [Pulsions (80)], et Barbet Schroeder [J.F. partagerait appartement (92)]. Avec True romance (93), Tony Scott réalise un film décapant, cocktail explosif d'humour noir et d'ultraviolence, avec une surprenante galerie de personnages. Les scénaristes sont constamment à la recherche d'une intrigue alambiquée dans laquelle le spectateur se perd. Quentin Tarentino réalise avec Pulp fiction (94) une odyssée sanglante, sur fond de drogue, de cynisme et d'ultraviolence. Un surprenant cocktail d'humour noir et d'hémoglobine, où s'entremêle astucieusement intrigues et destinées.
Ou bien le scénario reste simple, mais l'intrigue est palpitante [Hitcher (85: Robert Harmon), Misery (90: Bob Reiner), Pluie d'enfer (98:Mikael Salomon)]. Dans Speed (94: Jan de Bont), Keanu Reeves ne laisse guère le temps au spectateur de reprendre son souffle.
Les situations sont diverses: scandales financiers [La firme (92:Sydney Pollack)], intrigue en mer [USS Alabama (95:Tony Scott)], enquête singulière d'un privé [8 mm (98:Joel Schumacher)], traque d'un tueur à gages [Le chacal (98:Michael Caton Jones)]. Comme le héros, le spectateur se retrouve aspiré par une angoissante spirale. |  |
On retient de cette période deux films géniaux:
U-Turn (ici commence l'enfer) (97) pour lequel Oliver Stone réalise un petit polar au vitriol, baroque et tonique, peuplé de silhouettes insolites, navigant entre terreur et burlesque.
Un plan simple (97) où Sam Raimi signe un polar apparemment pépère, mais qui en dit long sur l'âme humaine. |  |
 | Dans les années
2000, on voit apparaitre dans le cinéma français quelques belles productions. Harry, un ami qui vous veut du bien (00:Dominik Moll) fait notamment preuve d'intelligence et de maîtrise. Costa Gavras filme quant à lui une mortelle randonnée avec Le couperet (04)
qui, sur fond d'"horreur économique", dénonce la violence de notre époque formidable où l'humain est sacrifié au profit. Dédales (02: René Manzor) ose se jouer des codes du genre, et le coup de théâtre final bluffe le spectateur. La mécanique de Ne le dis à personne (06: Guillaume Canet) est diabolique. Il n'y a pas une goutte de sang dans Ils (06 : Xavier Palud & David Moreau) , par contre, la tension est immédiate. Le scénario de Blanc comme neige (10: Christophe Blanc) ménage un enchaînement de catastrophes que la mise en scène orchestre brillamment. |  |



| Hollywood de son côté continue le style qui lui a été bénéfique: des scénarios simples et captivants [Phone game (02 :Joel Schumacher), Flight plan (05: Robert Schwentke)], ou compliqués à souhait |Le maître du jeu (03: Gary Fledin)], ou encore des thrillers mélées d'action pure [Otages (05: Florent Emilio Siri)]. Ron Howard met en scène les thèses sulfureuses du roman de Dan Brown dans Da Vinci Code (06). Martin Scorsese ménage le suspense jusqu'au bout dans Shutter Island (10), multipliant les rebondissements et utilisant les codes du film d'horreur.
 
Un poil de politique, une bonne dose de terrorisme et une pléthore de poursuites spectaculaires, tels sont les ingrédients d'Angles d'attaque (08: Pete Travis), invraisemblable, mais diablement efficace. Roman Polanski réalise avec The ghost writer (10) un sublime thriller politique en forme de puzzle paranoïaque. Argo (12 : Ben Affleck ) est un thriller d'espionnage réaliste et haletant.
11 :14 Onze heure quatorze (03: Greg Mareks exploite les thèmes des paradoxes temporels et des évènements liés. Le prestige (06: Christopher Nolan), suspense brillant dans les coulisses de la prestidigitation, est doublé d'une réflexion habile sur la perversité de l'illusion spectaculaire. Esther (08: Jaume Collet-Serra) est un thriller haletant saupoudré d'épouvante. Buried (10 : Rodrigo Cortés ), trip claustro, ménage, à peu de frais, une tension rare jusqu'à son climax choc, dont le thème est repris dans Kidnapping (12: Gabe Torres), huit clos sans longueurs puisque l'intrigue est bien menée tout le long du film. The killer inside me (10 : Michael Winterbottom ) est une stimulante variation sur la banalité du mal. Margin call (11: J. C. Chandor) est une plongée cynique et passionnante dans le monde impitoyable de la finance. | 


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