Le film policier est l'un des principaux genres du cinéma. De la même façon que le lecteur se passionnera du roman policier, le spectateur est très gourmand de "polar" au cinéma. Le polar est issu de la littérature policière et cherche à nous faire ressentir le suspense d'une enquête à rebondissements. D'ailleurs, bon nombre de romanciers seront adaptés à l'écran, comme Simenon ou Agatha Christie. La mise en scêne consiste généralement à la résolution d'une enquête par un policier, en mettant souvent en avant de manière prononcée les rôles de criminels, délinquants, etc.
   

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   Le policier commence avec le film en noir et blanc, qui ne fait qu'augmenter l'atmosphère ambigüe du genre. Le film noir est presque le symbole des années 40 [High Sierra (41: Raoul Walsh), Le faucon maltais (41: John Huston)], surtout avec Humphrey Bogart qui incarne un très crédible Phillip Marlowe [Le grand sommeil (46: Howard Hawks)]. La lettre (40: William Wyler) bénéficie de fascinants jeux d'ombres et de lumière. L'enfer de la corruption (48 : Abraham Polonsky ) est un film noir à la photographie soignée. La tradition du film noir demeurera dans les années 50 [Le troisième homme (50:Carol Reed) est une fascinante intrigue politico-financière]. Toutefois, le film policier peut aussi se présenter comme une farce: le duo William Powell (clownesque mais élégant) et Myrna Loy est irrésistible dans L'introuvable (34: W.S. Van Dyke) et la série qui s'ensuit. The Ghost of St Michael's (41: Marcel Varnel) est un très agréable divertissement à l'humour britannique. La France de l'Occupation [L'assassin habite au 21 (42: Henri Georges Clouzot)] et d'après guerre [Quai des orfèvres (47: Henri Georges Clouzot)] est fertile en films noirs. Dans les années 50, les réalisateurs restent fidèles à cet esprit [Touchez pas au grisbi (53: Jacques Becker)], notamment grâce à Jean Gabin qui personnifie le Maigret de Simenon [Maigret tend un piège (57: Jean Delannoy)]. Par la suite, le policier tiendra toujours une place prépondérante dans le cinéma français [La balance (82: Bob Swaim) est un tournant dans la conception des films policiers réalisés en France].
D'autres personnages de la littérature apparaissent fréquemment sur les écrans, comme Sherlock Holmes [Le chien des Baskerville (59: Terence Fisher)] ou Hercule incarné par Peter Ustinov [Mort sur le Nil (78: John Guillermin)]. Le cinéma lui même va créer des personnages, dont le succès donnera lieu à des suites, comme l'inspecteur Harry Callahan interprété par Clint Eastwood [L'inspecteur Harry (71: Don Siegel)] ou bien le justicier incarné par Charles Bronson [Un justicier dans la ville (74: Michael Winner)]: un régal pour les amateurs de films durs.
  Beaucoup de réalisateurs ont contribué au succès du film policier. On retiendra les noms d'Alfred Hitchcock [La main au collet (54)], dont le style sera très souvent imité par la suite, et John Huston [Quand la ville dort (50)]. En France, le film noir est représenté par des cinéastes comme Jean Pierre Melville [Le doulos (62)] ou Henri Georges Clouzot [Les diaboliques (55)]. Plus tard, Henri Verneuil apportera une touche plus "américanisée", avec plus d'action et de spectacle [Le casse (71) avec ses infernales courses poursuites].
De nombreux acteurs incarnent le policier -ou bien le truand- type. Ainsi, le physique irrascible de Charles Bronson [Adieu l'ami (68: Jean Hermer)] ou Jean Gabin [Le pacha (67: Georges Lautner)] est largement exploité. De même, les performances acrobatiques de Jean Paul Belmondo permettent de réaliser des films à succès [Peur sur la ville (75: Henri Verneuil)]. C'est en effet en France que l'on rencontre vraiment les personnages policiers, avec Alain Delon [Flic story (75: Jacques Deray)] ou Yves Montand [Police python 357 (75: Alain Corneau)]. Mais tout cela reste du cinéma, et c'est Lino Ventura qui incarne le plus crédible des policiers [Garde à vue (81: Claude Miller)]. |
   

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Le film policier est basé sur un crime (meurtre, hold up), ou une tentative (complot). Il y a donc le plus souvent une enquête pour démasquer les criminels. L'enquêteur peut être tout aussi bien un policier [French connection (71: William Friedkin)], un détective privé [Chinatown (74: Roman Polanski)] ou un journaliste [Mille milliards de dollars (82: Henri Verneuil)]. Le film peut aussi être basé sur un règlement de comptes entre truands [Le clan des siciliens (69: Henri Verneuil)], ou prendre une tournure plus psychologique en décrivant les personnages, qu'ils soient gangsters [Bonnie and Clyde (67: Arthur Penn)] ou policiers [Serpico (73: Sidney Lumet)]. |
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Les sujets sont nombreux et les crimes très divers, qu'ils soient passionnels [La menace (77: Alain Corneau)], crapuleux [Sans pitié (86: Richard Pearce)] ou déments [Le silence des agneaux (91: Jonathan Demme)]. Ils peuvent être basés sur des faits réels, comme la prohibition [Al Capone (59: de Richard Wilson), Les incorruptibles (87: Brian de Palma)] ou la maffia [Lucky Luciano (73: Francesco Rosi)]. Scotland Yard est gentiment égratigné dans Le requin harponne Scotland Yard (62: Alfred Vohrer). Têtes vides cherchent coffres pleins (78: William Friedkin) est l'histoire vraie du plus grand casse de Boston, réalisé par des gangsters maladroits mais audacieux. A partir des années 80, le film policier s'est modernisé, avec plus d'humour [48 Heures (82: Walter Hill)] et d'action [L'arme fatale (86: Richard Donner)], étant quelquefois à cheval avec le film d'aventures [Point break (91: Kathryn Bigelow)]. Avec des acteurs musclés, l'intrigue policière n'est souvent qu'un prétexte pour des scènes de combats, notamment avec Chuck Norris [Horreur dans la ville (82: Michael Miller)] ou Steven Seagal [Nico (87: Andrew Davis)]. Les années 90 correspondent à l'age d'or du thriller, autre genre majeur du cinéma qui joue sur le temps et la peur. De nombreux films policiers se construisent sur ce principe [The mighty quinn (89:Carl Schenkel), Le fugitif (92: Andrew Davis), Seven (95:David Fincher), Usual suspects (95:Bryan Singer)]. Robert de Niro est très drôle dans son personnage policier pusillanime de Mad dog and glory (92:John McNaughton).
Des polars venus du froid fontleurs apparition sur la scène internationale, comme le suédois Hunter (96: Kjell Sundvall), qui bénéficie d'une intrigue haletante. Le danois Nicolas Winding Refnréalise Pusher (96), plongée suffocante dans un univers où les valeurs de vie et de mort sont caduques.
La France elle-même produit des films à succès par ses intrigues alambiquées [Les rivières pourpres (00:Mathieu Kassovitz)]. |
 

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Dans les années 2000, le succès incontesté du policier, qui donnera lieu à des suites, est Ocean's eleven (01: Steven Soderbergh) qui réunit une brochette d'acteurs tous aussi délirants les uns que les autres. Parmi tant d'autres, on trouve en tête d'affiche les séduisants George Clooney et Brad Pitt. Dans un autre registre, Denzel Washington impose son charisme dans Out of time (03: Carl Franklin) dont l'intrigue prend le spectateur à la gorge. Martin Scorsese fait un remake de Hong Kong avec Les infiltrés (06) au récit enchevêtré mais toujours haletant. Braquage à l'italienne (02: F. Gary Gray) est une excellente reconstitution du décor et de l'ambiance de l'Angleterre des années 70. Avec Zodiac (07), David Fincher évoque un fait divers criminel qui a durablement marqué l'esprit des américains : celui d'un insaisissable tueur en série qui répandit à la fin des années 60 la terreur dans la région de San Francisco. Gone baby gone (07 : Ben Affleck ) souligne l'humanité de ses personnages complexes. Si Jeux de pouvoir (09 : Kevin Macdonald ) est un thriller politique haletant et L'enquête - The international (09: Tom Tykwer ) un film d'espionnage pragmatique, Sherlock Holmes 2 : Jeu d'ombres (11: Guy Ritchie) est du grand n'importe quoi assumé: c'est le plaisir simple de la comédie bien interprétée par le tandem Robert Downey Jr - Jude Law.
En France, Jalil Lespert incarne un jeune policier, fraîchement sorti de l'école, qui se fera tuer dans Le petit lieutenant (05: Xavier Beauvois). Le ton est volontairement très réaliste. Par contre, dans le polar musclé 36, quai des orfèvres (04: Olivier Marchal), Daniel Auteuil et Gérard Depardieu sont deux grands flics devenus ennemis qu'une lutte impitoyable mènera à la mort de l'un d'eux. La raison du plus faible (06 : Lucas Belvaux) est un film fort sur les laissés-pour-compte de la société industrielle. Vincent Cassel fait une interprétation magistrale dans Mesrine : l'instinct de mort (08:Jean-Francois Richet) et Mesrine : l'ennemi public n°1 (08: Jean-Francois Richet). Les liens du sang (08 : Jacques Maillot) repose sur Guillaume Canet et François Cluzet, deux acteurs sur mesure qui se renvoient la balle avec dextérité et un plaisir évident de jouer ensemble. A bout portant (10 : Fred Cavayé) est un thriller sous adrénaline pure, avec la complicité d'un casting charismatique (Gilles Lellouche, Roschdy Zem). Complices (10: Frederic Mermoud) est une belle réflexion sur l'évolution des comportements des jeunes et le décalage avec le monde des adultes.
Takers (10: John Luessenhop) est un thriller bien huilé et fertile en rebondissements. Prisoners (13: Denis Villeneuve) est sublimé par une trame scénaristique infernale.
Le cinéma international offre de superbes films policiers, très variés dans leur construction. Millénium, le film (09: Niels Arden Oplev) n'a rien à envier aux références américaines. Le réalisateur danois réussit un condensé osé du polar phénomène de Stieg Larsson. Dans ses yeux (09: Juan José Campanella) est un film d'atmosphère qui restitue parfaitement l'ambiance étouffante et le besoin de justice des années 70 en Argentine. En faisant la part belle à l'humour macabre, le film autrichien Bienvenue à Cadavres-Les-Bains (09 : Wolfgang Murnberger) mêle les genres avec délice. Mother (09: Joon-ho Bong) est un thriller psychologique sud coréen mâtiné d'humour noir, habité d'une tension dramatique dont on se délecte". Insaisissables (13: Louis Leterrier) est un divertissement franco-américain jubilatoire avec un très séduisant casting. |
 

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